Définition :

Ligne fortifiée dont la construction, votée en 1930, fut réalisée pendant la décennie qui suivit. Elle assura en France, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, un illusoire sentiment de sécurité.

Histoire :

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les responsables politiques français s'interrogèrent sur les problèmes de sécurité et de défense du territoire : Clemenceau, qui cumulait les fonctions de président du Conseil et de ministre de la Guerre, demanda au Haut Commandement de présenter un plan sur ces questions. Trois thèses furent envisagées. Si Foch était partisan d'une armée mobile basée sur une artillerie puissante et rapide, Joffre prévoyait de constituer cinq zones géographiques fortifiées afin de s'opposer à une percée ennemie. Pétain, enfin, avait le projet de construire une ligne fortifiée continue : la grande muraille de France ... Comme les trois militaires ne parvenaient pas à s'entendre, il fallut se résoudre à créer une commission de défense des frontières, qui trancha pour la thèse Joffre en choisissant de construire une ligne discontinue. La somme nécessaire pour réaliser la ligne, estimée à 5 milliards de francs, fut jugée excessive. Aussi, les responsables limitèrent les dépenses prévues. Parallèlement, pour éviter de froisser les pays alliés (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas), la France arrêta la ligne à hauteur des frontières amies. Ainsi conçue, la ligne avait deux faiblesses majeures. D'abord, les troupes ennemies pouvaient la contourner par l'ouest. De plus, la ligne était constituée de gros ouvrages entre lesquels s'intercalaient des espaces peu défendus et facilement franchissables. La conception de cette ligne, son vote le 4 janvier 1930,à l'initiative d'André Maginot, ministre de la Guerre de 1929 à 1932, s'inscrivent dans le cadre politique international tendu du début des années 1930 : problème des réparations, évacuation de la Ruhr par la France (1929), montée du nazisme en Allemagne.

La réalisation de cette ligne nécessita le concours de milliers d'ouvriers. Le chantier fournit une activité soutenue surtout dans la région alsacienne. Les deux principaux secteurs fortifiés - celui des Vosges (SFV) et celui de Haguenau (SFH) - se situaient dans les Vosges du Nord. Ils couvraient un espace qui s'étendait des rives de la Sarre aux berges du Rhin à Fort-Louis. Le SFV s'appuyait sur deux gros ouvrages, le Four-à-Chaux et le Grand Hohekirkel (Moselle), un petit ouvrage à Lembach ainsi que 20 casemates et 17 blockhaus. Le SFH englobait également deux ouvrages importants, le Hochwald et le Schoenenbourg, 35 casemates et 15 abris d'intervalle. En 1935, le gros œuvre de la ligne était achevé, mais les travaux se poursuivirent jusqu'en 1940.

Dès 1936, les premiers équipages prirent contact avec leurs forteresses et la préparation des hommes se poursuivit sans discontinuer. En 1939, les défenses étaient définitivement occupées par les équipages, alors que débutait la drôle de guerre. Le 10 mai 1940, la Wehrmacht entra aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg, puis perça le front français, le 13, à Sedan, contournant ainsi la ligne Maginot par l'ouest. C'était l'échec de la stratégie militaire française, conçue uniquement dans une optique défensive.

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